Noël et le « Don »

Publié le

Noël, moment de fête, valse de cadeaux…

Moment de don ?

 

arbre%20de%20noel,%20cadeaux%20149762« Don » et cadeaux certes, mais qu’en est-il vraiment de la joie, du partage et de la gaieté ? Sont-ils toujours de la fête ?

 

Chaque année, Noël et les fêtes de fin d’année sont un moment heureux attendu avec impatience par certains ; un moment difficile, quand ce n’est pas douloureux pour d’autres…

 

Mais heureux ou pénible, ce moment de fête s’érige immanquablement autour du « don ». Dans ce qu’il peut avoir de magnifique, comme de pernicieux.

 

Contrairement aux idées reçues un don n’est pas toujours positif. Ne dit-on pas d’ailleurs parfois qu’il « n’est pas gratuit ». Qu’un cadeau peut être « empoisonné ». Rappelons qu’en allemand, « gift » désigne dire à la fois le « cadeau » et le « poison ».

 

Lors des fêtes, nous offrons et recevons des cadeaux. Mais nous sacrifions aussi à d’autres dons.  Par exemple, ces repas organisés, ces réunions de famille ou d’amis (parfois contraintes et obligées) qui sont une autre façon d’offrir et de recevoir. Ce sont aussi des moments où l’expression « donner de soi-même » prend tout son sens.

 

La question se pose : pourquoi donne-t-on et qu’est-ce que cela peut impliquer, quand ce n’est pas provoquer ?

 

Donner à Noël peut s’inscrire et se vivre de différentes manières.

 

Nous pouvons donner pour le plaisir, nous inscrivant alors dans le « donner pour que l’autre reçoive » ou le « donner pour donner ». C’est souvent le cas dans les cadeaux que nous faisons aux enfants. Mais ceux qui sont réellement fait aux enfants, pour eux, pas ceux qui sont fait aux parents au travers des enfants.

 

Nous pouvons aussi donner en fonction de ce qui nous sera offert. Le « donner pour que l’autre donne ». Cela parle ici de cette obligation de donner à Noël, de faire des cadeaux. En faire parce que nous savons qu’on nous en offrira.

 

Il y a aussi les cadeaux qui obligent l’autre à nous redonner, le « donner pour que l’autre rende, redonne ». Souvent inconscient, mais pernicieux.

 

Il y a aussi ces cadeaux qui assujettissent l’autre, lorsque nous « donnons pour que l’autre ne puisse donner autant ». Une manière de rendre redevable, de mettre parfois en dépendance. Parfois même à vie. Les cadeaux somptueux, voire disproportionnés, peuvent entrer dans ce cadre. Cela peut favoriser un sentiment de culpabilité qui empêche d’agir et de dire. C’est généralement en période de tension, ou lorsque la relation ne va plus, que cette réalité émerge. Les fameux « avec ce je t’ai donné… »

 

Et puis, il y a ces cadeaux «  pour la forme », parce qu’il faut en faire, des cadeaux « a minima ». Pour ne pas être mal vu et rester dans la norme imposée. Ceux également concédés pour s’assurer que celui ou celle à qui l’on donne continuera à en faire un de son côté l’année suivante. Tout simplement parce que l’autre est réputé faire de beaux cadeaux.

 

Il y a ceux aussi qui « prennent pour prendre ». Qui profitent du moment sans faire aucun effort.

 

Bien évidemment, il y a ceux qui ne font pas de présents. Soit parce qu’on ne s’en fait plus, seule la réunion de famille restant, par plaisir du partage et des retrouvailles ou par obligation. Soit parce qu’ils ne veulent pas en faire, s’exposant au risque d’être mal vus.

 

Dans l’organisation de la fête de Noël chez soi, nous retrouvons ces différentes possibilités. Le temps de la préparation, les courses, les mets, l’organisation de la fête sont autant de dons/contredons faits individuellement ou de manière partagée. Dans certaines familles, l’organisation tourne… et dans d’autres pas… et cela avec toutes les situations de don possibles.

 

Ces possibilités sont aussi présentes dans ce que nous donnons de nous-mêmes en respectant cette obligation familiale. Combien sont-ils à se soumettre à cette norme sociale ? Peut-être légion. Ne rien faire, ne pas être présent est souvent source d’incompréhension, d’opprobres, de critiques.

 Que sommes-nous donc prêt à donner et à recevoir ? En fonction des personnes que nous verrons et de notre histoire avec eux, nous donnerons ou nous recevrons des félicitations ou des coups (souvent bas), de l’intérêt ou du désintérêt.

 

Noël est ainsi avant tout une question de don. De don volontaire et plaisant ou de don obligé et forcé. En fonction des formes de don dans lesquels nous sommes, nous vivrons ce moment plus ou moins bien. Mais aussi, le ferons-nous vivre aux autres.

 

Rien d’étonnant alors que Noël, source de plaisir pour un certain nombre, soit générateur de stress et d’angoisse pour d’autres. L’augmentation de la consommation d’antidépresseurs ou de psychotropes à cette période prend ici tout son sens.

 

Interroger le don de Noël est une piste fructueuse. Au niveau personnel, comprendre ce qui se joue dans notre manière de donner dans ces périodes, peut probablement diminuer la charge anxiogène  de ces instants parfois si peu festifs pour certains…

 

 

 

Ce texte vous a plu ? Pourquoi donc ne pas le partager avec d'autres, cela pourrait aussi intéresser une de vos relations.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article