Dysfonctionnements entre désirs et plaisirs : une réalité de certains

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Dysfonctionnements entre désirs et plaisirs : une réalité de certains
Les chemins des désirs et plaisirs, une rencontre neuropsychologique que des dysfonctionnements peuvent gripper.

La neurologie a quelque chose de fascinant, elle explique et donne du sens à nos réalités entre nos besoins physiologiques et nos besoins psychologiques, résonnant alors totalement avec l’importance du lien corps-esprit. Le principal rôle de notre cerveau est de maintenir l’équilibre interne de notre cops afin de le maintenir en vie, c’est l’homéostasie. Ainsi, notre cerveau travaille en permanence, utilisant 100% de son potentiel (et non ce mythe des 10% qui coure encore), pour entretenir ce si fragile équilibre.

Les recherches en neurologie ont montré que dans toutes les espèces animales (dont nous faisons partie malgré ce que bien des personnes peuvent croire, dont la majorité des religieux), le désir est une réponse à un besoin physiologique tandis que le plaisir est la satisfaction retirée dans ce que nous faisons pour répondre à ce besoin, donc dans la réalisation du désir. Cette réponse, activant le circuit de la récompense, déclenche la sécrétion de dopamine, provoquant alors la satisfaction et la sensation de plaisir.

Dans toutes les espèces, la source de ce plaisir est mémorisée. C’est ce qui fait qu’un singe qui connait la présence d’un aliment aimé derrière une porte commencera à anticiper le plaisir de ce dernier, provoquant alors le désir de ce plaisir, ce qui l’amènera à chercher une solution pour passer cette porte. Cette réalité a été démontrée lors d’expériences auprès de différentes espèces animales.

La particularité de l’espèce humaine, c’est notre néocortex surdéveloppé.

Il nous permet d’imaginer et de projeter dans l’instant présent comme dans le futur. Il le fait à partir de nos souvenirs et de notre base de connaissance tirée de nos apprentissages et de nos expériences. Ainsi, ce qui nous a fait plaisir un jour, nous pouvons le rappeler à notre mémoire à tout moment pour aller vers un mieux-être ; et pour cela il nous suffit d’agir pour retrouver ce plaisir. Dans ce processus généralement inconscient, nous déclenchons notre désir à partir du souvenir d’un plaisir passé. Ainsi, la lecture d’un plaisir possible (un spectacle annoncé, le descriptif d’un livre, d’un film ou de mets sur une carte de restaurant) déclenche un désir correspondant (aller voir le spectacle, le film, lire le livre, choisir le met qui a éveillé le désir). Cela pourra répondre directement à un besoin physiologique du moment, mais pas obligatoirement ; par contre, même si ça participera indirectement à notre homéostasie, cela répondra souvent à un besoin plus psychologique que physiologique. De la même manière, le simple souvenir d’un plaisir, sans support extérieur, peut déclencher un désir. C’est donc là que le psychologique intervient dans la relation désir-plaisir, là que nos névroses et besoins compensatoires peuvent interférer.

Ainsi, le souvenir d’un plaisir passé provoque un désir pour lequel nous essaierons de trouver une réponse afin qu’il se réalise et que l’on puisse de nouveau éprouver ce plaisir.

Nos passions, ces sujets et activités qui nous portent, nos projets, nos rêves pour le futur s’inscrivent dans ce processus.

Mais que se passe-t-il lorsqu’un traumatisme psychologique ou physiologique vient gripper ce fonctionnement ?

C’est alors l’absence, la différence, l’incompréhension qui peut aller jusqu’à un sentiment d’anormalité lorsque l’on ne comprend pas ce qui se passe.

Dans un tel dysfonctionnement, le souvenir du plaisir déclenche rarement de désirs, voire parfois jamais. Dans le pire des cas, en dehors de réponses à des besoins physiologiques identifiés, on n’a jamais de désirs ; dans le meilleur des cas, le désir nait au contact d’autres, le plaisir de ces derniers provoquant notre désir par la stimulation du souvenir de ce plaisir que l’on a connu.

Un tel dysfonctionnement ne peut être dû qu’à une construction neuronale non aboutie ou non construite suite à un trauma psychologique ou cassé suite à un trauma psychologique ou physiologique. Les causes physiologiques sont facilement identifiables, elles sont généralement dues à une lésion cérébrale. Par contre, les causes psychologiques le sont moins car elles impactent nos cartes mentales, ces réseaux de neurones qui, construits entre apprentissage et inné, nous permettent de faire ce que nous savons faire ; ces cartes se retrouvent alors non-finalisées, inopérantes ou inexistantes.

Les conséquences possibles d’un tel dysfonctionnement sont nombreuses : absence de passions, incapacité de rêver sa vie et de se projeter réellement dans le futur, difficulté à savoir ce que l’on veut (que ce soit pour choisir un plat dans une carte, pour décider où partir en vacances ou quoi faire le soir ou le WE, pour se balader sur Internet), impossibilité de poser des pierres dans les fondements de la coconstruction d’une vie à deux (on ne peut que poser des pierres sur celles que pose l’autre, rendant inévitablement l’édifice bancale quand ce n’est pas instable), difficulté quand ce n’est pas impossibilité de se lancer dans une activité dans la durée, difficulté voire impossibilité de piocher dans sa richesse intérieure et ses connaissances (aussi importantes qu’elles puissent être) pour entrer en relation avec des inconnus de son propre chef. Lorsque tout cela se conjugue, c’est le risque de l’isolement  et de la désocialisation pour une grande partie de la vie.

Dans ces moments particuliers où il faut faire un choix, trouver quelque chose, dire quelque chose, chercher quelque chose, rien ne vient, c’est le vide qui domine. Un tel dysfonctionnement est un réel handicap souvent impossible à voir et à identifier car il n’empêche pas d’être sociable avec ses relations, volubile, à l’aise pour communiquer en groupe et devant un public ou même être leader d’un groupe, aussi paradoxal que cela puisse éventuellement paraître.

La solution ?

Trouver l’énergie et la force pour sortir de certaines zones de confort et se mettre en situation d’apprendre, c’est-à-dire de commencer à créer les chemins neuronaux qui permettront peut-être un jour un début de réparation ou d’activation des cartes mentales inopérantes et/ou la création de celles manquantes. Pour cela identifier des capacités ou fonctionnalités manquantes chez soi est essentielle, cela peut être une difficulté à ressentir et percevoir, à faire du sport ou une activité particulière, etc. Ensuite, il est nécessaire de trouver le moyen d’apprendre, à sa manière, par rapport à son propre fonctionnement et sa réalité. La difficulté est que c’est un chemin souvent parcouru seul car les psys peuvent rarement aider, cela relevant plus du neurologique que du psychologique. Par contre, ils peuvent parfois accompagner, mais à condition de tomber sur un qui entendra le handicap et ne l’interprétera pas autrement, en fonction de sa grille de lecture personnelle et professionnelle.

Une fois les éléments d’évolution identifiés et l’apprentissage enclenché, l’idéal serait de rencontrer une personne, suffisamment bien avec elle-même et qui aura les épaules assez larges pour nous accompagner dans ce chemin, en accueillant sans craintes conscientes ou inconscientes cette rude réalité, et de préférence dans l’amour qu’il soit amical, familial ou amoureux. L’amour sain et partagé dispose d’une grande puissance de changement au travers de ce qui est donné, reçu, redonné et reconnu. Cette rencontre me semble essentielle car de telles réparations ne peuvent se faire totalement seules. Mais attention à ne pas tomber sur une personne qui souhaite tout contrôler ou qui serait manipulatrice, ça n’aiderait pas du tout, tout au contraire.

Alors, même si l’espoir nous semble faible, l’essentiel est de ne jamais le lâcher, de croire coûte que coûte en une réparation possible, de ne jamais baisser les bras, d’agir et de se battre contre vents et marées avec courage,malgré les difficultés présentes sans se laisser abattre par la tristesse que cela provoque inévitablement.

Publié dans Divers et Société

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