Plus… plus… toujours plus… Mais pourquoi donc ?
Ne serions-nous pas de plus en plus dans une culture du « plus, toujours plus » ?
Je me trompe peut-être, mais il me semble qu’il est de plus en plus difficile de se satisfaire de ce que l’on a. Ne sommes-nous pas trop sollicités par les médias, le marketing et la comparaison avec les autres au point de ne pas résister à ce diktat sociétal ? Qu’en pensez-vous ? Avez-vous aussi cette impression ? De plus, cela ne serait-il pas parfois aliénant et oppressant ?
Aller plus vite, plus loin, plus fort… Les plus de la performance… Produire plus pour consommer plus… travailler plus pour gagner plus… Les plus de la compétition et de l’excellence… Les plus des développements, qu’ils soient économiques ou personnels… Avoir plus de culture, plus d’activités… Avoir plus de produits de consommation… Avoir plus de sécurité contre le plus d’insécurité… plus plus plus toujours plus… Cela s’arrêtera-t-il un jour !
Mais quel sens cela a-t-il ? Ne pourrait-on pas vivre simplement, avec ce que l’on a et nos besoins de base, sans chercher à changer de produit dès qu’un nouveau apparaît ?
Quel sens cela a-t-il quand vouloir plus c’est prendreplus. Et prendre quelque chose, n’est-ce pas d’une part déposséder un lieu ou une personne de quelque chose ? Et d’autre part, ce que l’on prend n’est-ce pas quelque chose que d’autres n’auront pas ? Ainsi, vouloir et prendre plus, n’est-ce pas faire en sorte que d’autres aient moins ?
Le toujours plus ne peut être dissocié du toujours moins et l’enrichissement des uns ne sous-entend-il pas l’appauvrissement d’autres ?
- Travailler plus, mais pour quoi faire alors qu’il y a tant de personnes sans emploi ? Une meilleure régulation du travail, plus équitable, ne serait-elle pas préférable ? Travailler plus pour les uns, ne serait-ce pas moins de travail pour d’autres ?
- Travailler plus pour gagner plus ? D’accord, mais tout le monde en a-t-il besoin ? Et jusqu’à quelle limite gagner plus ? A chacun son niveau de besoins, certains vivent et se contentent de peu et d’autres ont besoin de beaucoup. Mais pour tous, il y a une limite au-delà de laquelle cela dépasse nos besoins personnels, au-delà de laquelle cela commence à devenir indécent. Ne se met-on pas alors à amasser sans réelle nécessité ? Et tout ce que nous amassons ainsi, c’est autant dont d’autres ne pourront bénéficier et dont certains pourraient avoir cruellement besoin. Tout ce plus que nous amassons, n’est-ce pas autant de moins pour d’autres ?
- Gagner plus pour consommer plus ? Et pourquoi donc consommer Plus, que ce soit des biens de consommation ou de la culture ? A-t-on réellement besoin de tous les produits que l’on nous propose ? Posez-vous la question suivante concernant vos achats de l’année passée, quel qu’ils soient (aliments, vêtements, produits culturels, high-tech, vacances, objets divers, travaux d’intérieur, loisirs, etc.). S’il n’y avait pas de sollicitation marketing (télé, internet, affichage, radio, etc.), lesquels auriez-vous fait et surtout lesquels n’auriez-vous pas fait ? Dans la différence que vous trouverez, n’y aurait-il pas une bonne marge d’économies faisables et d’argents à ne pas dépenser ?
- Travailler plus pour produire plus ? Mais pourquoi avoir besoin de produire plus ? Et d’ailleurs, travaille-t-on plus pour produire plus ou produit-on plus pour nous faire consommer plus ? Cette question n’est-elle pas pertinente ? Pour consommer plus, n’avons-nous pas besoin de plus d’argent et donc de travailler plus !
- Mais travailler plus, c’est souvent plus d’argent, mais est-ce toujours gagner plus ? Je me souviens de ces collègues ingénieurs dans les réseaux informatiques qui, début 2000, gagnaient un peu plus de 60 000 € par an, un très bon salaire. Etant payé au forfait et faisant beaucoup d’heures, beaucoup plus que la normal, ils avaient fait le rapport entre leur salaire et leurs heures de travail. Le constat était sans appel, ils avaient réalisé que ramener à un taux horaire, ils gagnaient un peu plus du smic. Alors, travaillait-il vraiment pour gagner plus ? Surtout que plus de temps au travail, n’est-ce pas aussi plus de stress, plus de fatigue et un risque de santé moins bonne ? Mais aussi n’est-ce pas une possibilité de plus de conflits familiaux donc moins de bien-être ? Et combien y en a-t-il d’autres comme eux ?
- Travailler plus (lorsque son travail n’est pas un plaisir en soi), n’est-ce pas aussi moins de temps pour soi, pour faire ce qui plaît et nous apporte un mieux-être ?
- Produire plus, n’est-ce pas aussi prendre plus de ressources, donc laisser moins de ressources dans la terre ? Le produire plus n’appauvrit-il pas la terre comme le travailler plus peut participer à l’appauvrissement de certains (mais pas de tous, heureusement tout de même…)
- Produire plus, n’est-ce pas aussi trop produire, produire plus que ce dont on a besoin ? Donc gaspiller plus. Beaucoup de surplus de production, d’invendu, ne sont-ils pas à un moment donné détruit ?
Le triptyque « produire-plus/travailler-plus/consommer-plus » n’amène-t-il pas à un courir plus dans lequel nous prenons moins le temps et donc nous nous précipitons plus ? Et en faisant plus vite, trop vite, ne prenons-nous pas souvent le risque de moins bien faire ? Bien des projets, pour être bien réalisé demande du temps, dans la réflexion et la réalisation. Mais le toujours plus n’inclut pas le temps. N’est-ce pas plutôt toujours moins de temps ? Alors on court après le temps, nous le consumons… Ce triptyque, n’est-ce donc pas un plus de stress et plus de pathologies par un moins bien être que cela provoque ? N’est-ce pas moins de disponibilité avec nos proches et moins de disponibilités pour nous ?
Plutôt que de nous apprendre à être en compétition et en concurrence avec les autres, l’Education ne devrait-elle pas nous apprendre la coopération et la réciprocité ? Plutôt que, sous un discours de solidarité, nous apprendre à travailler ensemble mais les uns contre les autres au nom de la compétition et de la rivalité, ne devrait-elle pas nous apprendre à travailler avec les autres ?
Chacun, à notre petit niveau, que pouvons-nous donc faire pour faire moins et nous donner plus pour notre mieux-être, pour une meilleure santé ? Comment pouvons-nous le faire tout en conservant le niveau de vie qui nous correspond, sans amasser pour amasser ?
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