Méthodologie de recherche en éthologie : quel apport pour les sciences humaines ? 7/7

Publié le

Objectivité – subjectivité

  •  Éthologie masculine / féminine… un autre regard. À l’origine l’éthologie était une discipline principalement masculine. Lorsque des femmes sont devenues éthologistes, on a remarqué que leurs observations n’étaient pas les mêmes que celles des hommes.

 Cela me renvoie à l’article sur les différences hommes-femmes et ce qu’il pouvait révéler sur les différences comportementales qui existent entre caractères féminins et caractères masculins. Les tendances qui se dégagent montraient une différence de management entre dominante féminine et dominante masculine et que les deux étaient donc complémentaire. C’est cette première subjectivité que révèle ce fait. Ensuite, une autre subjectivité est que souvent l’on verra plus facilement ce que l’on connaît déjà et ce que l’on attend. De manière générale nous aurons tendance à moins voir ce qui nous dérange ou que l’on ne connaît pas déjà. Caractère à dominante féminine et caractère à dominante masculine ne seraient-elles donc pas nécessaires dans toute observation et toute recherche. Ce qui n’est pas toujours évident à avoir. Alors, lorsqu’une seule dominante est présente, l’honnêteté ne serait-elle pas de le dire en précisant la limite de nos propres observations et analyses ?

  • Les mâles ne sont pas obligatoirement dominants dans les sociétés, par contre, de manière générale, les femelles sont le pivot de leur groupe social.
  • Nos représentations de l’animal ne sont jamais neutres.

Comme celles de toutes choses, individus, groupes, cultures, etc. que l’on peut connaître. Ne serait-il donc pas essentiel, en tant que chercheur, de poser en amont de toutes recherches les représentations que l’on peut avoir de l’objet étudié ? Un rappel de nos représentations n’est-il pas utile pour vérifier l’influence qu’elles peuvent avoir dans nos observations ? Ne serait-ce pas essentiel pour éviter les dérives possibles et réduire la subjectivité, dérives à l’abri desquelles personne n’est ?

  • Quelle objectivité en fonction de la posture choisie : immersion ou distanciation. Ce sont deux techniques complémentaires qui apportent chacune quelque chose.
  • Nos observations peuvent être influencées par le prisme social dont nous pouvons être imprégnés (la morale de notre culture, notre propre moral, nos valeurs, nos croyances, etc.)

Tout comme pour nos représentations, posé en amont de toute recherche l’influence que pourrait avoir ce dont nous sommes imprégnés (religion, croyance, moral, etc.) ne serait-il pas essentiel afin de réduire les subjectivités possibles ? Cela ne nous permettrait-il pas, en tant que chercheur, d’interroger le bien fondé de toute observation et/ou analyse qui irait dans le sens ou qui serait opposé à ce qui nous imprègne ?

En éthologie, à chaque fois qu’on met des intentions quelque part, si elles ne correspondent pas à un besoin physiologique de l’individu, c’est qu’on s’est trompé.

 Ce pourrait-il qu’une même réalité existe avec les humaines ? Derrière chacune de nos intentions, aussi réfléchis et/ou construites soient-elles, y aurait-il un besoin physiologique latent qui y correspondrait ? Si l’on en croit le schéma Lorenz-Craig, ce serait le cas. Ne serait-ce pas intéressant à interroger de manière critique dans la recherche en sciences humaines ?

Faire attention aux interprétations par l’absurde à partir d’une observation juste. Notamment, l’animal ne comprend jamais (il ne raisonne pas), il ressent. L’animal s’arrête à la contiguïté, à ce qui arrive à un intervalle très proche.

Les erreurs méthodologiques possibles 

  • Superposition entre causes et fonctions (ex : l’éviction des mâles).
  • Abaissement de l’excitabilité du sujet (ex : lorsque le cadre est trop contraignant).
  • Pauvreté en stimuli non spécifique (ex : un aquarium dégarni).
  • Non prise en compte de l’Umwelt (ex : agressivité sociale). Chaque espèce dispose d’un échantillonnage sensoriel différent.
  • Non-détection des cas pathologiques (ex : inhibition). L’inhibition de l’action est grosse pourvoyeuse de pathologie, notamment dans des gestes qui ne sont pas pathologiques.
  • Usage d’un vocabulaire mal défini (ex : ressentir/comprendre). Attention aux mots utilisés sans les définir. Les mots orientent la pensée.
  • Manque de filtration par l’absurde

En éthologie, mais dans les sciences en général, lorsque l’on dit « c’est fait pour… » on a de grandes chances de se tromper. Ce que l’on observe, que l’on constate est fait comme ça et il donne ce résultat-là. En science, ne jamais mélanger la fonction et la cause.

Toutes ces erreurs méthodologiques possibles me semblent adaptables dans les sciences humaines en général. Ces rappels font du bien je trouve et les relire à certains moments opportuns peut peut-être éviter des erreurs.

 

Page précédente                                           1  2  3  4  5  6  7         

 

 

 

Cet article vous a plu ? Pourquoi donc ne pas le partager avec d'autres, cela pourrait aussi intéresser une de vos relations.  

Publié dans Divers et Société

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article