Différences Femmes/Hommes 3/6 : Filles et Garçons
Rappel pour celles et ceux qui n'ont pas encore lu une des autres pages : les éléments de cet article sont tirés de recherches et comme pour toutes recherches, ce qui est présenté concerne une majorité de personnes d'un même genre et non l'ensemble de celles-ci. Pour cette raison, vous pourrez éventuellement ne pas vous retrouvez dans l'ensemble des résultats concernant votre genre, comme c'est mon cas. Je reviendrai là-dessus lors de la réflexion critique que je ménerai en conclusion dans le dernier article sur ce sujet.
4 - Filles et Garçons : les comprendre
Différentes études montrent qu’il existe des différences comportementales entre filles et garçons, des différences qui ne seraient pas que cognitives et liés à l’éducation et l’évolution culturelle.
Nous l’avons déjà vu en ce qui concerne la préférence pour les jouets qui seraient liés au taux de testostérone prénatale (article 2/5). Mais une préférence qui évoluerait avec le temps en raison de normes sociales. Des études ont permis de constater que ces préférences se renforçaient avec l'influence de la société et qu’aux alentours des 5 ans, à l’inverse des garçons, les filles avaient tendance à jouer à des jeux de garçon. Comme nous le savons tous, les garçons ne sont généralement pas encouragés à jouer avec des jouets de filles, ce qui n’est pas le cas des filles.
D’autres études ont aussi permis de découvrir, que dès nourrisson, tout comme vers l’âge de 2 ans, les filles regardent plus les visages que les garçons qui, eux, sont plus intéressés par les objets. Y aurait-il un lien possible avec le fait que dès le plus jeune âge, les filles sont légèrement plus sensibles aux émotions exprimées par un visage, une sensibilité qui augmenterait avec l’âge ? Peut-être ! Leur sensibilité aux émotions des autres serait donc, de manière générale, légèrement plus grande à la naissance, mais cet avantage qui se renforce avec l’âge ne serait-il pas lié à l’éducation ? N’encourage-t-on pas les garçons à moins exprimer leurs émotions et à être moins sensible aux émotions des autres ? Ce qui se retrouve, malheureusement, par la suite chez les adultes. Ne serait-il pas intéressant d’éduquer différent les jeunes garçons, de changer cette attente que l’on a des mâles... c’est-à-dire forts, qui ne doivent pas pleurer et donc qui doivent maîtriser leurs émotions, etc. ? Qu’est-ce que cela pourrait bien apporter de plus à notre société actuelle et à son fonctionnement ?
Au niveau scolaire, un stéréotype existe, celui que les femmes sont moins bonnes dans les disciplines scientifiques que les hommes, et notamment dans les mathématiques. Est-ce une réalité ou une idée reçue ? Les recherches qui ont été menées sur la question ont montré qu’il n’y avait pas de différences de capacité et d’intelligence sur la question entre femmes et hommes, mais par contre que l’éducation des parents influencerait les enfants. Dans ses recherches menées en 2001, Kevin Crowley et ses collègues de l’Université de Pittsburgh, a montré que les parents ne s’adressaient pas de la même manière à leurs enfants lorsqu’ils leur parlaient de questions scientifiques. Que ce soit les mères ou les pères (bien que ce soit tout de même plus les pères) favorisent l’intérêt des garçons pour les sciences en leur donnant plus d’explications causales. Ce stéréotype est si ancré dans la société que les filles s’y conformeraient souvent en entravant leurs propres performances comme l’ont montré les tests qui ont corroboré les études menées par Margaret Shih en 1999. Il semblerait donc que ce soit de chercher inconsciemment à se conformer à un stéréotype qui influe sur les performances. Le résultat de ces recherches ne devraient-ils pas nous interroger sur les approches, les messages et les pédagogies utilisées avec certains publics ? A quel point ne favoriserions-nous pas certains échecs scolaires mais aussi professionnels en renforçant inconsciemment certains stéréotypes, que ce soit dans le privé comme à l’école, par les parents, les médias et les politiques ?
Des différences ont aussi été constatées dans le fonctionnement relationnel des filles et des garçons entre eux. Lorsqu'on observe des garçons discuter entre eux et des filles discuter entre elles, nous pouvons constater deux dominantes. Les garçons ont tendance à surenchérir les uns sur les autres, alors que les filles sont plus dans une logique d'identification les unes avec les autres. Cela rejoint les les recherches qui ont été faites qui ont montré qu’il existait deux approches relationnelles : une centrée sur le rapprochement, l'autre sur la domination. Deborah Tannen, professeur de linguistique qui a étudié durant 30 ans comment les femmes et les hommes interagissent, nous dit que « les filles veulent être comme leur amie alors que les garçons veulent être supérieurs à leur copain. (…) Les différences entre les sexes sont affaire de proportion entre la part accordée aux relations interindividuelles et à la domination puisque nous aspirons plus ou moins à l'une et à l'autre. Nous sommes toujours en train de négocier ces deux aspects. » Bien que filles comme garçons puissent être dans le compromis ou le passage en force, proportionnellement, les filles auraient plus tendance à chercher le compromis au travers d’une similitude, même feinte, alors que les garçons auraient plus tendance à passer en force. Il se trouve que les garçons, comme les hommes d’ailleurs, auront plus tendance à éviter de se retrouver en situation d’infériorité. Cela ne représenterait-il pas deux modes de fonctionnements différents qui interagissent dans les relations entre genres et peut-être souvent dans les incompréhensions et quiproquos qui peuvent exister ?
La violence est plus présente chez les mâles en raison de la testostérone prénatale comme nous l’avons déjà vu (article 2/5), par contre l’agressivité comme la compétition existe autant dans les deux sexes. Seulement, elles ne s’expriment pas de la même manière. Agressivité et compétitions seront plus ouvertes chez les hommes alors qu’elles seront plus cachées chez les filles. Ne retrouve-t-on pas cela chez les adultes, que ce soit dans le privé ou en entreprise ? Comme nous l’explique Lise Eliot, l’agressivité des filles passerait plus par des commérages, des cachotteries, l’exclusion, le harcèlement, en gros, des actions indirectes là où celle des garçons sera plus physique et plus directe. Maintenant, il ne faut pas oublier que l’agressivité physique est taboue chez les filles, ce qu’elles apprennent très tôt. Ce taboue leur laisse-t-elle alors d’autre choix ? Les stéréotypes éducatifs dans lesquels nous sommes depuis bien longtemps ne conditionneraient pas certains types de comportements ? Si l’agressivité physique était acceptée pour les filles, n’agiraient-elles pas plus directement ? Et cela sans être pour autant dans une recherche de supériorité, qui serait une tendance plus masculine.
Du fait de leur force, afin d’éviter l’affrontement direct, les mâles des différentes espèces de mammifère ont élaboré des stratégies d’intimidation afin d’asseoir leur supériorité sans se blesser. Tout naturellement, on retrouve ce mécanisme chez les animaux Hommes, et cela dès l’enfance. Pour cela, le mâle doit être persuadé qu’il est le meilleur, d’où cette tendance masculine de surévaluer ses performances par rapport aux autres. A l’inverse, les filles étant plus dans une logique de rapprochement, elles auront plus tendance à sous-évaluer leurs performances, non pas parce qu’elles se dévaluent par rapport aux autres, mais pour ne pas faire d’ombre à l’autre afin de maintenir la relation. Ne sommes-nous pas là en face de deux types de stratégies relationnelles différentes qui peuvent être sources d’incompréhension ? Le garçon qui aura tendance à se surévaluer pour asseoir sa place dans la hiérarchie (approche masculine) ne prendrait-il pas pour de la faiblesse la fille qui se sous-évaluera pour maintenir la relation et sa place au sein du groupe (approche féminine) ?
Une dernière différence entre filles et garçons est celle du rapport au risque et à l’échec. Des études ont montré que les garçons, souvent persuadés de leurs chances de succès, se lancent à fond dans un jeu, un concours, un projet alors que les filles ne se lancent vraiment que si le succès est possible ou qu'elles se retirent si elles jugent qu'elles ne sont pas les meilleurs et que leurs chances sont ainsi limitées. En cela leur comportement serait beaucoup plus réaliste. Cela se voit notamment dans les jeux de balle où les garçons se jettent tous dessus. Des études auraient montré que les filles résisteraient moins aux échecs, ce qui expliquerait cette différence. Mais est-ce réellement pour cela ou ne serait-ce pas plutôt en raison des conséquences de l’échec ? Dans l’approche masculine fondée sur la hiérarchie, la réussite et l’échec vous positionne dans cette dernière, vous donne une place. Dans l’approche féminine fondée sur le rapprochement dans le groupe, l’échec ne pourrait-il pas représenter un risque d’exclusion ? Là encore, deux modes de fonctionnements différents qui amèneront des interprétations différentes des uns et des autres. Ne pensez-vous pas ? Et des interprétations qui se poursuivront à l’âge adulte, car comme nous allons le voir, ces différences se retrouvent entre hommes et femmes.
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