Différences Femmes/Hommes 6/6 : idées reçues et conclusion critique

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Rappel pour celles et ceux qui n'ont pas encore lu une des autres pages : les éléments de cet article sont tirés de recherches et comme pour toutes recherches, ce qui est présenté concerne une majorité de personnes d'un même genre et non l'ensemble de celles-ci. Pour cette raison, vous pourrez éventuellement ne pas vous retrouvez dans l'ensemble des résultats concernant votre genre, comme c'est mon cas. Je reviendrai là-dessus lors de la réflexion critique que je ménerai en conclusion dans le dernier article sur ce sujet.

 

6 – A priori et idées reçues…

Voici ce que les études existantes révèlent sur la réalité des idées reçues et des a priori qui peuvent exister :

  • Une petite fille est plus sociable qu'un petit garçon à la naissance.
  • Les garçons sont moins souriants que les filles, mais cette différence n’apparaît qu’à partir de l’âge de 5 ans. Y aurait-il une raison socioculturelle derrière ? Ne serait-il pas intéressant de le savoir, et surtout de comprendre le pourquoi de ce changement vers l’âge de 5 ans ?
  • Les filles sont plus sensibles à la douleur que les garçons. Ces derniers ne sont pas plus douillets comme on a tendance à le croire. Pourquoi ? Deux raisons physiologiques et une culturelle sont invoquées : la peau des filles est plus mince et contient plus de terminaisons nerveuses (raison nerveuse), les douleurs n’activent pas les mêmes zones cérébrales chez les garçons et les filles (raison cérébrale) et puis un homme ne doit pas montrer qu’il souffre (raison culturelle). Cette dernière raison ne fait-elle pas d’une part qu’on juge plus durement un garçon qui montre qu’il souffre et d’autre part qu’un garçon qui exprime sa souffrance devra en faire plus pour être entendu ? D’où peut-être l’impression donnée qu’ils sont plus douillets !
  • Les garçons sont plus remuants que les filles. Dans le fœtus et après, les garçons bougent plus que lesClipart 19 filles. Ce serait une des raisons d’ailleurs du fait qu’ils ont plus de mal que les filles à se concentrer et tenir en place à l’école.
  • Hommes et femmes aiment autant le bleu et les femmes ont une préférence pour l'extrémité rouge de l'axe (dont le rose fait partie). Nous avons déjà eu l’occasion d’en parler précédemment.
  • Filles et garçons mentent autant les uns que les autres, mais pour des raisons différentes : Les filles mentent davantage pour se montrer agréable, tolérante et bienveillante (ce qui serait apprécié par les hommes), et les garçons pour se montrer compétents et généreux (ce qui serait apprécié par les femmes).
  • Les filles sont davantage capables d'inhiber toute forme de tentation, dont les sexuelles. Ce serait dû à leurs stratégies de reproduction qui seraient influencées par les conséquences d’un acte sexuel.
  • La variété alimentaire stimule l'appétit des filles, mais pas celui des garçons. Un homme peut manger la même chose pendant plusieurs repas, d’où cette idée que les garçons n’aiment que les frites… Cela pourrait-il donner du sens à la place plus régulière des femmes en cuisine tout comme de faire plus souvent, si ce n’est tout le temps le choix des repas ? On peut se poser la question sans rien affirmer. Maintenant, cela ne justifie rien, tout au contraire. Nous autres, les hommes, à partir du moment où nous le saurions et que nous serions dans ce cas, ne devrions-nous pas faire un peu d’effort pour nos femmes ? J’en parle en connaissance de cause… voici un point d’amélioration personnel à travailler.
  • Les hommes ont plus tendance que les femmes à désirer avoir des relations à court terme. Cela rejoindrait le fait que leur désir (et non pas leur plaisir) serait plus orienté vers le sexe alors que celui des femmes le serait plus vers l’échange émotionnel. Bon, là, je crois que personne n’apprend grand-chose.
  • Les voix des femmes, plus aiguës et plus mélodieuses, sont fatigantes pour les hommes. Il n’est pas aisé pour eux de décrypter la grande gamme de fréquence des voix féminines. Leur cerveau a besoin de davantage de ressources pour les comprendre, comme avec les sons complexes et la musique.
  • Les femmes ont une meilleure mémoire pour les tenues vestimentaires et l’aspect extérieur que les hommes car elles sont plus sensibles aux aspects sociaux de leur environnement. Cela aurait-il un lien avec le mode relationnel par rapprochement qui est plutôt féminin ?
  • Les femmes sont de meilleurs chefs d'entreprise. Les femmes managers consulteraient plus leurs équipes avant de prendre une décision et elles auraient plus tendance à considérer que le comportement du chef doit être exemplaire. De plus, elles seraient meilleures pour obtenir l’équilibre financier. Ca a de quoi interroger, non ! Et cela d’autant plus lorsque l’on connaît la représentation féminine dans le management de manière globale… Quelles places hiérarchiques les hommes seraient-ils prêts à laisser aux femmes ? Seront-ils capables d’en laisser plus aux femmes, notamment en termes de pouvoir et de hiérarchie, quand on sait qu’ils préfèrent le mode relationnel par domination et hiérarchique ? La question se pose vraiment je trouve. Dans certaines cultures (notamment asiatique, mais pas seulement, on retrouve aussi cela chez nous), il est courant de voir des hommes avoir peur de leur femme et s’écraser devant elle dans le foyer, alors que vis-à-vis de l’extérieur la femme fait profile bas car il est important que l’homme apparaisse comme dominant.
  • L'achat compulsif concerne autant les femmes que les hommes. Ce n’est pas une question de genre. Ce trouble toucherait une personne sur vingt : 5,8% des hommes et 5,5% des femmes. Les femmes aiment le shopping, mais ce n’est pas obligatoirement compulsif. Et ce goût pour le shopping n’auraient-ils pas, finalement, une source sociale ? Sortir faire les magasins avec une amie tout comme acheter de nouveaux vêtements ne relèverait-il pas en partie du rapprochement social ?
  • Dans les couples, les femmes se souviennent plus facilement de la date de leur 1ère rencontre. Cela viendrait du fait que les femmes ont plus de mémoire émotionnelle que les hommes, 15% parait-il. Voila une source de conflit qui parfois existe et qui pourrait être ainsi évité, du moins en partie, vous ne trouvez pas !
  • La nuit, les mères sont plus réceptives que les pères aux pleurs de leur enfant. Cela serait dû à l’activation d’aires du cortex préfrontal et de l’amygdale cérébrale, plus marquées chez les femmes, qui déclencheraient des émotions fortes (dont de l’inquiétude), ce qui réveille. Alors, comment faire pour que l’homme se lève autant que la femme dans un couple ? Sans doute accepter qu’elle le réveille, ce qui doit sûrement déjà se faire dans un certain nombre de couples, mais je doute que ce soit une majorité. 

Conclusion critique réflexive

Voila, je suis enfin arrivé au bout de cet article. J’aurai mis du temps pour l’écrire…

Je me demande ce que vous avez bien pu en penser. Personnellement, même si je trouve tout cela fort intéressant (je n’en aurai pas parlé si ce n’était pas le cas), je trouve que cela mérite critique. 

Bien que je trouve que ce qui est mis en lumière par les différentes études sur les différences entre les femmes et les hommes sont intéressantes et ne sont pas à rejeter, cela me dérange pour le risque que cela comporte. Je veux parler de celui d’en faire une règle alors que ça parle d’une majorité d’individus d’un même genre, mais pas de tous et pas obligatoirement des mêmes individus en fonction des caractéristiques étudiées. N’y aurait-il pas risque, voire danger de mettre femmes et hommes dans des cases différentes toutes faites et de justifier ainsi bien des injustices ? Ce qui pourrait être tentant pour bien des personnes, quelques soient leur genre. Or, dans le domaine de l’humain, il ne peut y avoir de règle, par contre, il me semble qu’il peut exister des catégories générales et mouvantes qui permettent de visualiser un ensemble, de se faire une idée, qui donne une tendance générale.

Je ne sais pas ce qu’il en est pour vous, mais je ne me retrouve pas obligatoirement dans tout ce qui a été découvert à propos des hommes, tout comme une amie qui ne s’est pas non plus entièrement reconnue dans toutes les spécificités attribuées aux femmes. D’où la mise en garde que j’ai pris le soin de répéter au début de chaque page de cet article ? Et vous, qu’en est-il donc pour vous ? 

Il est une réalité, c’est que tout résultat d’étude donne une dominante par rapport à un échantillon spécifique. Cela donne une tendance générale. Ainsi, de manière générale, les résultats ne concernent pas tous les individus des études. Dans notre cas, les résultats des études ne concernent pas tous les individus de chaque genre, même si la majorité d’entre eux sont sûrement concernés. Dire qu’une majorité d’individus sont concernés, comme le sous-entendent ou le disent les synthèses des études, n’est-il pas vague et ne peut-il pas être trompeur ? Une majorité de 60% n’a pas du tout la même signification et le même impact qu’une majorité de 90%. La majorité qui permet les résultats des études ne serait-elle pas à nuancer en terme de grande, de moyenne et de petite majorité ? En ce qui concerne les études sur les différences entre femmes te hommes, je suis persuadé qu’en fonction des caractéristiques et spécificités étudiées, les dominantes qui en émergeront s’appuieront soit sur des petites majorités, des moyennes ou des grandes, à l’image de la diversité humaine.

Mais alors, que penser de ces études de genre ? Peut-on ainsi généraliser sur les différences entre les femmes et les hommes comme le proposent ces études et ce que j’ai reproduit ? Cela est-il donc pertinent ? Il me semble qu’à la fois oui, et à la fois non. 

Oui et non car ces résultats ne diraient-ils pas autre chose ? Ne peut-on les regarder sous un autre angle ? Dire qu’il y a des caractéristiques différentes et dominantes dans chaque genre est-il suffisant ? Se cantonner à cela, ne serait-ce pas mettre de côté la minorité, c’est-à-dire toutes celles et tous ceux qui se retrouveraient dans un certain nombre de spécificités du genre opposé ? Ne serait-il pas alors plus juste de parler de caractéristiques plutôt féminines ou plutôt masculines car concernant une majorité de femmes ou une majorité d’hommes ? Orienté le résulta des recherches dans ce sens, et en parler sous cet angle ne permettrait-il pas de réduire les risques dont j’ai parlé précédemment ? Cela ne permettrait-il pas d’éviter la « mise en case » ?

Les résultats de ces études que j’ai trouvés fort intéressants parlaient plus de cela pour moi. Or, je suis surpris de voir que seul la différence homme/femme a été prise en compte et relaté, alors que la différence féminin/masculin a été mise de côté. Et  féminité et masculinité ne sont-ils qu'une question humaine , Cela ne concerne-t-il pas aussi les autres animaux ? Regardez donc l'expression de ce buffle, que vous inspire-t-il ? Chiang Mail 3 -202

Ces études, bien que permettant de comprendre les différences entre hommes et femmes, ne permettent-elles pas de comprendre les aspects féminins et masculins de nos personnalités, de nos capacités et de nos modes de fonctionnement ? En ce qui me concerne, ça a donné du sens aux côtés féminins de ma nature et à certains de mes modes de fonctionnement. Cela a aussi donné un certain sens au fait que je me suis toujours plus entendu avec les femmes qu’avec les hommes : Le mode relationnel par la domination et la hiérarchie ne m’a jamais correspondu, la recherche de performance ne m’a jamais parlé, je n’arrive pas à m’intéresser à la compétition et aux sports mécaniques, le management directif n’a jamais eu ma préférence non plus. Par contre, la prise de risque ne m’inquiète pas, je ne ressens pas un besoin de variation culinaire, j’ai du mal à exprimer mes émotions et il ne m’était pas initialement évident de tenir compte de ce que je ressentais (j’ai appris à le faire avec le temps). C’est ce qui me vient à l’esprit dans l’immédiat. Et pour vous, qu’en est-il donc ? Et si vous vous posiez la question, si vous ne l’avez pas déjà fait.

Ne serait-il pas intéressant de plutôt parler de différences féminines et masculines qui se retrouvent en partie dans la différence entre les genres plutôt que de parler de différences entre Hommes et femmes comme certaines études anglo-saxonnes l’on fait ? Je l’ai tout récemment appris par une amie qui est en train de terminer un master à Londres. J’en saurai plus sur le sujet lorsqu’elle m’aura envoyé les références de ces études. 

Les études sur les différences entre les genres ne permettent-elles pas aussi de comprendre les complémentarités qui existent entre les parts féminines et masculines de nos natures ? Je ne peux m’empêcher de penser au symbole du ying et du yang et aux propos de Bernard Baudouin dans Le taoïsme, un principe d’harmonie : « Dans la logique fondamentale des “opposés-complémentaires” que sont le Yin et le Yang, le vide n'est pas négatif ; au contraire, marqué de tous les aspects de la féminité, il se veut réceptacle et attire le plein (marqué des aspects de la masculinité) ; au lieu de symboliser l'absence, il est une force attractive étonnamment présente et puissante. » Le masculin est dépendant et complémentaire du féminin, et vice versa. Alors, n’est-ce pas d’autant plus le cas des femmes et des hommes étant donné que nous sommes tous composés d’une part féminine et d’une part masculine ? 

Photos-articles 0693Les problèmes de compréhensions et de cohabitations qui peuvent exister entre les individus ne pourraient-ils pas, en partie, venir de notre méconnaissance des spécificités féminines et masculines de manière générale et de leur complémentarité ? Mais ne viendraient-ils pas aussi du fait que nous n’identifions pas nos propres spécificités féminines et masculines et que nous ne connaissons pas l’impact qu’elles peuvent avoir dans nos manières d’être, certaines de nos préférences, certains de nos choix et certaines de nos réactions ? 

Ces études ne nous montrent-elles pas qu’il existe de l’inné et de l’acquis, et un inné qui peut évoluer avec l’acquis ? En nous permettant de voir que nous ne nous retrouvons pas dans certaines des spécificités de nos genres respectifs, ne disent-elles pas aussi que l’on peut être homme majoritairement masculin, femme majoritairement féminine, homme à dominante masculine avec une grande part féminine, femme à dominante féminine avec une grande part masculine, homme majoritairement féminin et femme majoritairement masculine ?

Qu’est-ce que cela pourrait bien être que de reconnaître ces différentes identités en nous, dans nos rapports aux autres et dans la société ? Cela ne pourrait-il pas nous permettre d’être plus proches de notre nature profonde, avec moins d’éventuels conflits et tiraillements intérieurs ? Auriez-vous d’ailleurs une idée de l’identité qui vous correspondrait ? Aller, creusez donc un peu la question !

Cela ne donnerait-il pas tout son sens à cette fameuse phrase de Simone de Beauvoir : « on ne naît pas femme, on le devient » ? Ne serait-ce pas d’ailleurs aussi le cas pour les hommes… même si c’est peut-être moins pertinent de le dire et de le percevoir dans notre société au fonctionnement masculin dominant ! 

L’absence de programme d’éducation sur les différences entre spécificités et caractéristiques majoritairement féminines et majoritairement masculines n’est-elle pas dommage ? N’aurions-nous pas tout à gagner à permettre aux générations futures de mieux se comprendre et de mieux interagir entre elles ? Cela ne pourrait-il pas être l’enjeu d’une telle éducation ? Ce qui rejoint l’article que j’avais écrit sur le retour à un équilibre entre féminité et masculinité. 

Et pourquoi donc y a-t-il si peu d’études sur la question en France ? Que craindrait-on ainsi dans ce cher pays des Lumières qui me semblent devenues, avec le temps, bien ternes…

 

(Pour rappel, si vous souhaitez retrouver les détails des synthèses sur lesquels je me suis appuyé pour rédiger cet article, je vous invite à lire l’Essentiel n° 5 de Cerveau & Psycho, « Cerveau Homme / Femme. Quelles différences ? »)

  

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Publié dans Au nom des femmes

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