Différences Femmes-Hommes 1/6 : Lorsque le cerveau parle
Présentation
Il y a quelques mois de cela, j’étais tombé sur un dossier de la revue Cerveau & Psycho, daté de février-avril 2011, qui faisait un bilan de l’état de la recherche sur les différences entre les femmes et les hommes, entre neurologie, psychologie et comportemental.
La compréhension entre les animaux Hommes que nous sommes (individus de l’espèce humaine) mais aussi entre les différentes espèces est un sujet qui m’intéresse depuis longtemps. Alors, j’ai souhaité présenter et partager ce bilan à ma manière et avec mes interrogations. Je reste persuadé que de mieux comprendre nos différences, qui très souvent nous complètent, ne peut que favoriser les rapports entre individus, à condition, bien évidemment, de le vouloir vraiment… C’est-à-dire d’être prêt à respecter les autres pour ce qu’ils sont et non pas ce que nous aimerions qu’ils soient.
Comprendre nos différences entre hommes et femmes, ne serait-ce pas aussi essayer de comprendre les différences entre les garçons et les filles, et ainsi découvrir certains comportements stéréotypés que nous pourrions avoir avec eux, en tant qu’adulte et parents ? Ne serait-ce pas aussi essayer de comprendre certaines différences existant dans nos vies de tous les jours et dans le monde professionnel ? Ne serait-ce pas de même essayer de comprendre l’impact des différences hormonales sur nos comportements mais aussi notre santé ? Et ne serait-ce pas aussi faire tomber ou confirmer certains stéréotypes, a priori et idées reçues ?
Alors, voici la direction que va prendre ce thème :
- Je vais commencer par la différence au niveau du cerveau,
- Puis j’aborderai la question de l'impact des hormones sexuels, du prénatal à l’adulte,
- Pour arriver à la question inné/acquis.
- Ensuite, je traiterai des différences entre garçons et filles,
- Qui m’amèneront aux différences entre hommes et femmes.
- Enfin, je présenterai les constats scientifiques sur un certain nombre d’idées reçues.
- Et, en conclusion, je terminerai par une réflexion critique.
De manière transverse, au travers de ces axes, j’aborderai des questions diverses comme les comportements, la violence, la dépression, la réussite scolaire, l’émotionnel, l’humour, le travail, etc.
En raison de l'ampleur du sujet, ce thème des « différences entre femmes et hommes » sera donc traité au travers de plusieurs articles que je numéroterai.
Dans ces articles, j’écrirai en italique mes remarques, réflexions et interrogations personnelles. Par ailleurs, dès que j'en aurai la possibilité, je ferai des liens vers les conclusions des études dont je parlerai. Ces liens iront diretement vers les rapports d'études (en pdf) lorsqu'ils seront accessible librement, sinon ils iront vers un résumé et une possibilité de les acquérir.
Vous constaterez qu'un grand nombre de ces études sont en anglais. Il se trouve que, par rapport à d'autres pays, cette question est peu étudié en France. Ce qui a, selon moi, de quoi interroger sur notre réel ouverture et volonté d'équilibre entre les genres (et je ne parle pas d'égalité...).
Introduction
Au lieu d'être dans la neutralité « masculine » qui est une règle de grammaire française, lorsque j’écris, il m’arrive régulièrement de présenter les deux genres. Par exemple, il m’arrive d’écrire « certaines et certains, elles et ils ou elles/ils, etc. » Bon, cela est plus souvent présent dans mon dernier livre (qui devrait sortir fin mai, Devenir auteur de sa vie) qu'actuellement dans mes articles. Si j’écris ainsi, c’est tout simplement afin de positionner différemment le féminin. Cette règle de grammaire française, qui fait prédominer le masculin devant le féminin, ne maintient-elle pas un paradigme inconscient qui donnerait, de manière générale, la prédominance (voire parfois la supériorité) au masculin (et donc aux hommes et garçons) sur le féminin (et donc les femmes et les filles) ? Je suis pour la valorisation du féminin à l’égal du masculin, non pas dans un sens d’égalité, mais dans un sens d’équité et de complémentarité. Se donner l’habitude de penser et d’écrire ainsi autrement ne pourrait-il pas nous apporter une autre posture dans nos rapports aux genres et donc nos rapports aux autres ? Cela ne pourrait-il pas, en partie, favoriser une certaine reconnaissance « saine » des uns et des autres ? C’est-à-dire une reconnaissance et une valorisation de nos différences ?
Les femmes et les hommes, au-delà de la représentation physique, disposent de certains fonctionnements biologiques et comportementaux différents. Les recherches en neurologie et psychologie ont ainsi montré que « le cerveau avait un sexe » (Serge Ciccoti, docteur en psychologie et chercheur associé à l'Université de Bretagne Sud). Femmes et hommes ne sont ainsi pas pareils, que cela soit physiquement ou mentalement.
En effet, le cerveau d’une femme et celui d’un homme ne fonctionnent pas de la même manière. Il n’y en a pas un qui fonctionne mieux que l’autre ou qui lui est supérieur, ils fonctionnent simplement différemment. Il n’y a aucune supériorité, quel que soit le domaine, mais complémentarité et inséparabilité.
Féminin et masculin ont donc besoin l’un de l’autre, comme femmes et hommes, et comme les femelles et les mâles de toutes les espèces. Tout n’est-il pas une question d’apprendre à vivre ensemble et de se respecter pour ce qu’on est et nos capacités et difficultés !
Mais la différence mise en avant par la recherche, est-ce une différence entre femmes et hommes comme c’est généralement présenté ou est-ce une différence entre féminin et masculin ? Même si on peut supposer que les femmes sont majoritairement féminines et les hommes sont majoritairement masculins, n’y aurait-il pas des femmes qui auraient une dominante intérieure masculine et des hommes qui auraient une dominante intérieure féminine (et je ne parle pas ici d’orientation sexuelle, ce n’est pas obligatoirement lié) ? Je reviendrai sur cette interrogation, que j’essaierai d’étayer, à la fin des articles, lors de la conclusion réflexive.
ATTENTION : tout d’abord, avant de commencer, il est important de garder à l'esprit que ce qui va être présenté dans l’ensemble de ces articles correspond à une majorité des individus de chaque genre et non pas à tous. La vie n’est pas ainsi figée, ce sont des dominantes. Ainsi, vous pourrez éventuellement ne pas vous retrouvez dans l'ensemble des résultats des recherches concernant votre genre sur lesquels cet article s'appuie, comme c'est en partie mon cas. Je reviendrai là-dessus lors de la réflexion critique que je ménerai en conclusion dans le dernier article de ce thème.
Si vous souhaitez en savoir plus et retrouver les détails de ce que je présenterai, je vous invite à lire l’Essentiel n° 5 de Cerveau & Psycho, « Cerveau Homme / Femme. Quelles différences ? »
1 - Cerveau de femme et cerveau d’homme : un fonctionnement différent !
Les recherches en neurologie ont permis de constater que dans son fonctionnement, le cerveau des hommes avait majoritairement tendance à n’utiliser qu’un des hémisphères à la fois alors que les femmes avaient tendance à utiliser les deux en même temps. Par exemple, là où l’homme utilisera plutôt l’hémisphère gauche pour parler et le droit pour se repérer dans l’espace, la femme utilisera plutôt les deux hémisphères en même temps. Il y a donc plus de symétrie dans le cerveau des femmes que dans celui des hommes, ce qui se retrouve dans les aspects anatomiques des hémisphères. Ceux des hémisphères droit et gauche des femmes sont beaucoup plus proches l’un de l’autre que ceux des hommes pour lesquels on peut constater des différences très net, notamment dans le tracé et la forme de sillons cérébraux. « L’asymétrie cérébrale est ainsi beaucoup plus marquée chez l’homme ». Ces différences ont leurs avantages et leurs désavantages. Un cerveau asymétrique a l’avantage de traiter rapidement les informations qui seront dans des airs voisines. Par contre, les cerveaux symétriques sont moins vulnérables aux lésions cérébrales, il y a toujours une zone de rechange cérébrale possible dans l'un des deux hémisphères. Mais ce n’est pas si simple que cela, d'autres recherches ont aussi permis de constater qu’en fonction des périodes d’ovulation, le cerveau des femmes fonctionnait parfois de manière symétrique et parfois de manière asymétrique. Le fonctionnement serait typiquement masculin durant les règles, c’est-à-dire asymétrique et symétrique après l’ovulation.
Des expériences ont aussi montré divers différences de fonctionnements liés au cerveau :
- Les hommes, majoritairement, se représentent mieux les objets à trois dimensions et sont plus adroits dans les exercices moteurs. Les femmes, de leur côté, réussissent majoritairement mieux les tests linguistiques et sont plus adroites dans les tâches motrices de précision.
- Les hommes utilisent plutôt l’hémisphère gauche pour parler et le droit pour se repérer sur une carte, les femmes semblent utiliser leurs deux hémisphères à la fois.
- « Le siège de nombreuses fonctions cognitives inférieures est plus volumineux chez les femmes tout comme certaines régions du cortex limbique qui est impliqué dans les émotions. » (Larry Cahill, chercheur au centre de neurobiologie de l'aprentissage et de la mémoire à l'Université de Californie)
- « Chez les hommes, la région du cortex pariétal en jeu dans les perceptions spatiales ainsi que l'amygdale cérébrale qui intervient dans les réactions aux émotions est plus volumineuse. » (Larry Cahill)
- Le jugement esthétique serait différent en fonction du genre. Le lobe pariétal de l’hémisphère droit correspond à une méthode métrique et celui de l’hémisphère gauche correspond à une méthode abstraite. Les hommes utilisent principalement le gauche alors que les femmes utilisent les deux hémisphères. Ainsi, dans l'observation picturale, on retrouve majoritairement une représentation métrique dominante chez les hommes par rapport aux femmes.
- Les images à forte connotation émotionnelle sont traitées différemment par les cerveaux des hommes et celui des femmes comme l'ont montré Larry Cahill et Antonella Gasbarri dans le cadre de leurs recherches. Les hommes utilisent principalement l’amygdale cérébrale droite alors que les femmes utilisent principalement le gauche. L’amygdale cérébrale est essentielle pour la mémorisation des événements riches en émotions.
Pourquoi donc ces différentes symétries cérébrales liées au sexe ? D'où viennent-elles donc ? Elles résulteraient en partie de l'action des hormones sexuelles : « les hormones sexuelles influencent la communication entre les hémisphères et modifient aussi le degré d'asymétrie du cerveau » (Markus Hausman, psychologue).
Lorsque j'ai découvert cette différence de fonctionnement cérébral, entre symétrie et asymétrie, une première interrogation m'est venue : cette différence expliquerait-elle en partie le fonctionnement majoritairement multitâche des femmes et majoritairement monotâche des hommes ? J'ai donc cherché sur Internet et n'ai rien trouvé sur la question. Par contre, je suis tombé sur 2 articles qui pourraient en intéressé certaines et certains. Celui d'Emilie Auvrouin dans Pour la Science, « Le mythe du crveau multitâche » (qui fait référence à l'étude de S. Charron et Étienne Koechlin sur la question) et celui de Hubert Guillaud,« Sommes-nous multitâches : Comment apprendre à maîtriser notre attention ? » Je trouve que ces deux articles poussent à s'interroger sur ce que c'est que d'être multitâche. Vous êtes-vous jamais posé la question ? Nous en entendons souvent parler, mais qu'est-ce que c'est réellement ? Il semblerait que ce soit principalement la faculté de certaines et certains de pouvoir se concentrer, en même temps, sur 2 ou 3 tâches sur lesquels ils seraient (généralement pas plus). Là où une personne multitâche pourrait les effectuer simultanément mais avec une perte de concentration, un monotâche aurait tendance à devoir s'arrêter entre chaque tâche pour réussir à les mener à bien. Qu'est-ce que cela peut impliquer en terme de fonctionnement cérébral ? Et les différences de symétrie dans le fonctionnement cérébral joueraient-elles sur cette faculté ? Peut-être trouverais-je un jour une étude sur la question. Si vous en connaissez, je suis preneur. En attendant, si la question du multitâche vous intéresse, je vous laisse découvrir ces deux articles.
Mais revenons donc à notre thème principal. Tout ce qui précède n’est qu’une présentation qui pourra prendre plus de sens avec les thèmes qui seront abordés dans les articles suivant. Dans le prochain article, j’aborderais l’importance et l’impact des hormones sexuels, ainsi que la question de l’inné et de l’acquis.
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