Les modules comportementaux biologiques mis en lumière par l’Éthologie 1/4

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L’Éthologie, en étudiant de manière comparative les comportements animaux (homme compris) a permis de décrire le fonctionnement de nos comportements à partir du biologique. Comment fonctionne donc ce « module biologique élémentaire de comportement » mis en lumière par les travaux de Konrad Lorenz et de Wallace Craig ? Qu’en dire chez les humains ? Quels en sont les dysfonctionnements ? Quelles clés de compréhension cela peut-il éventuellement apporter dans notre société ? Ce sont les points que je vais essayer d’aborder ici et dans cet article.

Cet articles est principalement écrit à partir des travaux de la station pluridiscipliaire des Metz et de Jean-Claude Barrey. 

1 - Le schéma de Lorenz-Craig : « un module biologique élémentaire de comportement »

2 - Spécificités du schéma de Lorenz-Craig dans l'espèce humaine

3 - Les dysfonctionnements aux différentes phases du schéma Lorenz-Craig 

4 - Le schéma de Lorenz-Craig, et après ! 

1 - Le schéma de Lorenz-Craig : « un module biologique élémentaire de comportement »

Déroulement biologique

La neurobiologie a montré l’existence d’une production d’excitation endogène qui caractérise une disponibilité neurophysiologique des comportements. Ces excitations endogènes sont réparties en grandes fonctions finalisées qui correspondent aux impératifs vitaux. Cela passe par les neurones qui envoient en permanence et de manière spontanée des impulsions dans les nombreux réseaux constitués par le système nerveux central et les voies secondaires, tendant ainsi à déclencher tout le temps et simultanément toutes les activités vitales.

« On peut voir ces réseaux comme de véritables “organes comportementaux” prêts à libérer, à tout moment, tel ou tel comportement en quantité appropriée à son utilisation moyenne » (J-C BARREY).

Étant donné qu’il est impossible de mener toutes les activités vitales en même temps, ces dernières sont généralement verrouillées. Des mécanismes complexes viennent ainsi moduler leur propension à apparaître en fonction des informations sensorielles du sujet et de son état interne. C’est l’hypothalamus qui gère tout cela.

Le déclenchement final se fait au niveau du néocortex. Ses aires sensori-motrices recueillent des informations de l’environnement externe et interne ainsi que des aires associatives, puis envoient les ordres d’actions vers la périphérie.

Chaque action est donc un ensemble très complexe faisant agir neurones et réseaux de neurones imbriqués déterminant un chemin neuronal stratégique qui permet le déclenchement final d’une pulsion, d’une action déterminée, d’une émotion.

Les seuils de déclenchement des comportements dépendent de paramètres internes et externes. Leur mise en route dépend de l’action de signaux déclencheurs que le cerveau connaît de manière innée. Dès qu’une pression interne trop forte le pousse à utiliser un comportement, il recherche ces signaux. Cette recherche est ce qu’on appelle le comportement d’appétence.

Tous ces comportements « excitation endogène » (incluant les fonctions finalisées), « comportement d’appétence », « signal déclencheur » et « déclenchement final » constituent le schéma de lorenz-Craig.

La production d’excitation endogène (naissance des pulsions)

Les excitations internes sont donc réparties en grandes fonctions finalisées comportementales qui sont orientées vers un but précis. Elles apparaissent dans un ordre précis qui correspond aux impératifs vitaux.

L’ordre de priorité d’apparition de ces fonctions vitales se fait de la tension la plus grande à la moins grande. C’est ce que l’on appelle le champ tendu de tensions.

Chez les animaux pourvus d’un néocortex (l’animal homme) ou d’un début de néocortex (les mammifères en général dont certains, comme les grands singes et les dauphins, ont un néocortex plus développé que les autres), il y a en plus un champ détendu. Il est considéré aussi comme une fonction finalisée, mais à tension faible, dans lequel il existe des fonctions particulières. Dans ce champ, toutes les activités des autres fonctions tendues peuvent s’exercer sans tension mais sous une autre forme (activité à vide, jeu, mais aussi activité intériorisée et intellectuel pour l’animal homme).

Les fonctions finalisées comportementales sont : sauvegarde, subsistance, relation, repos et tension faible.

En plus des fonctions finalisées comportementales, il y a des fonctions finalisées sensorielles : somesthésie (sensibilité générale, cutanée, interne, posturale), tact (le toucher), olfaction, audition, vision.

Chaque espèce dispose de son ordre hiérarchique de fonction, il n’est pas le même pour toutes. C’est ce qu’on appelle l’enveloppe génétique de l’espèce.

Maintenant, l’importance des fonctions diffère d’une personne à l’autre dans chaque espèce. C’est ce que l’on appelle le profil comportemental de chacun.

Ainsi, chaque individu mènera l’exploration de ses fonctions. C’est une fois le filtrage de chaque fonction fait qu’il aura un comportement adapté à son profil. Cela se fera sous la forme de signaux déclencheurs

Voici l’ordre de priorité des fonctions finalisées comportementales (de la plus forte tension à la moins forte) chez l’homme ainsi que chez beaucoup de mammifères :

priorite fonctions vitales

Le mécanisme inné de déclenchement (MID)

L’excitation endogène reste donc généralement bloquée. La décharge sous forme de comportement ne peut avoir lieu qu’à partir d’un processus qui inclura plusieurs niveaux de filtrage. Pour que cela puisse avoir lieu, une mécanique donnant accès aux filtres est nécessaire. C’est le MID, le mécanisme inné de déclenchement.

Il s’active à partir d’un signal déclencheur rencontré par l’organisme, qu’il reconnaît de manière innée sans avoir eu à l’apprendre. Ce signal informe l’organisme qu’il est opportun de se livrer à l’activité correspondante. Sans ce signal, il n’y a pas d’action possible.

Le signal est délivré par un objet auquel l’individu doit avoir accès, le lait par exemple pour le signal donné au nourrisson par le sucre. Cet objet est le but du comportement d’appétence. Sans celui-ci, il ne peut y avoir de signal déclencheur.

Avec « l’imaginaire », l’homme arrive à acquérir une certaine indépendance vis-à-vis de la présence matérielle de signaux. S’ils ne sont pas là, il est capable de les recréer dans sa tête, voire de transformer l’image mentale en objet représentatif qui pourra représenter un signal déclencheur d’autres comportements. On retrouve cela dans l’art et la publicité.

Le comportement d’appétence

Pour tout individu il est nécessaire d’exécuter régulièrement des mouvements instinctifs. En cas de non-exécution, au bout d’un certain temps, sous la pression de la production endogène d’excitation, l’individu ressent un besoin, une pulsion. Cela le plonge alors dans un état d’agitation qui le pousse à rechercher les conditions d’environnement lui permettant de déployer ce comportement instinctif.

Ce comportement est ce qu’on appelle comportement d’appétence ou encore comportement finalisé.

Comme nous le dit J-C Barrey, « l’organisation de “l’appétit” par un acte instinctif, est donc là pour la situation d’environnement contenant les signaux qui peuvent amener cet acte à se déclencher. »

La particularité du comportement d’appétence, c’est sa capacité à se modifier et s’enrichir par apprentissage. Cela permet l’adaptation à la variété de l’environnement des espèces, et plus particulièrement de l’humain. Cela ne peut être prévu à l’avance de manière innée.

L’apprentissage ne peut donc être introduit qu’au niveau du comportement d’appétence. Il ne peut y en avoir en dehors de celui-ci.

Cet enchaînement mis en lumière par les travaux de Lorenz et Craig montre clairement que l’excitation endogène, le MID et l’acte consommatoire sont déterminés génétiquement. Ils constituent la mémoire de l’espèce. Le comportement d’appétence, lui est ouvert à l’apprentissage.

En champ tendu uniquement, les grandes fonctions vitales proviennent du cerveau reptilien avant d’être filtré par le système limbique et le néocortical.

Cette recherche commence toujours par le bas, c’est-à-dire qu’il y a d’abord recherche d’appétence dans les niveaux de tension les plus faibles pour finir par les plus hautes. Ceci dit, pour qu’un niveau de tension soit activé, les niveaux supérieurs doivent obligatoirement être au repos. Il y a toujours priorité des niveaux de tension supérieure.

Il ne peut donc y avoir « repos » si « subsistance », « relation » ou « sauvegarde » ne sont pas au repos. (N’y aurait-il pas là l'explication de certaines insomnies ?), Si aucune solution cohérente au problème n’est trouvée en explorant toutes les fonctions, du « repos » à la « sauvegarde », sii l’organisme ne trouve pas de solution, il passe alors dans un système de pathologie organique ou comportementale réversible si elle est légère, mais qui peut devenir irréversible.

Il est alors essentiel pour ne pas dire vital que tout problème puisse déboucher, après exploration des fonctions finalisées, sur une solution, c’est-à-dire sur un comportement moteur cohérent, ou sur une action intériorisée. Ce qui est une façon humaine d’échapper à l’inhibition de l’action.

Le Schéma Lorenz-Craig

 Schéma Lorenz-Craig

Schéma de Lorenz-Craig et les 3 étages du cerveau

Le schéma de Lorenz-Craig est donc présent dans les différentes espèces animales. Mais quelles sont donc les spécifités de ce dernier dans l'espèce humaine ?

 

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