Éducation et pédagogie sous le prisme du biologique 7/10
6 - Postures d’enseignant / formateur et comportement biologique 1/2
Parler comme nous venons de le faire des méthodes pédagogiques, ça a aussi été, en partie, parler des apprenants et de l’impact, dans l’apprentissage, des tensions internes dans lesquels ils peuvent être. Seulement, dans tout processus éducatif, les tensions biologiques qui peuvent les habiter et les motivations qui en découlent ne sont pas les seuls éléments comportementaux qui jouent dans l’apprentissage. N’y a-t-il pas aussi ceux des appreneurs ?
Tout appreneur qui se respecte et qui essaie d’être lucide sait qu’un bon apprentissage est toujours lié à la posture de l’appreneur, mais en lien avec l’apprenant. D’où la difficulté en groupe classe où, en général, un appreneur se retrouve avec plusieurs apprenants donc face à différents profils comportementaux possibles.
Biologiquement parlant, avec quoi un appreneur arrive-t-il lorsqu’il se met en position d’apprendre à un autre ? Quelle position va-t-il prendre en fonction de la fonction finalisée dominante qui sera en tension en lui ? Et surtout quel impact cela pourra-t-il avoir sur le ou les apprenants avec qui il est ?
Déroulé d’une réduction de tension par une lecture d’une situation en « clé de Lorenz-Craig »
Cette fois-ci, pour mener ma réflexion, je vais essayer de décrire en « clé de Lorenz-Craig » une situation d’un enseignant/formateur.
Biologiquement, l’objectif de tout comportement serait donc d’éliminer la tension forte existante (champ tendu) en rétablissant une cohérence qui ramène en tension faible (champ détendu). Ainsi, ce que l’on pourrait appeler un comportement « posé » et « détendu » correspondrait à un état biologique en champ détendu.
Imaginons un cas extrême où l’appreneur arrive avec une excitation endogène qui l’a mis en tension très forte. Il y a des chances qu’il ressente une certaine fébrilité avant d’entrer en cours (ou pendant le cours) à laquelle il sentira le besoin de répondre. Que pourrait-il alors se passer, en termes d’exploration stratégique inconsciente de ses fonctions finalisées ? N’oublions pas que la recherche d’appétence part toujours des fonctions les plus faibles vers les plus fortes.
- Pour réduire cet état, la première recherche d’appétence se fait donc sur la fonction récupération. Pour re-poser et dé-tendre sa tension interne, cela pourrait passer par une envie de prendre un peu de temps avant le cours, par un exercice de respiration, par se plonger dans le passage d’un livre, par ne rien faire un instant, etc. Si cette solution est possible et répond à sa tension interne, la cohérence sera rétablie et il retournera en champ détendu. Il l’appliquera donc et pourra alors aborder ou continuer son cours de manière posée. Si cette solution n’y répond pas (ça ne répond tout simplement pas à son besoin, ça ne l’a jamais aidé, il n’a pas le temps de le faire, il n’y a pas d’espace où se poser, etc.), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de solution possible en fonction récupération, il cherchera une solution dans la fonction subsistance. Ce sera la même chose si la solution appliquée s’avère finalement inefficace.
- Manger certains aliments apporte des éléments chimiques qui peuvent répondre à nos besoins physiologiques internes. Un classique, l’envie de manger du chocolat (avec sa source de magnésium) pourrait lui venir, ou un autre aliment. Mais il se peut aussi que de boire ou de manger quelque chose ne réponde pas du tout à son excitation endogène. Alors, là encore, si cette solution répond à sa tension, la cohérence sera rétablie et il retournera en champ détendu. Il l’appliquera donc et pourra alors aborder ou continuer son cours de manière posée. Si cette solution n’y répond pas (l’aliment dont il a besoin n’est pas accessible, boire ou manger ne répond pas à son besoin, etc.), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de solution possible en fonction subsistance, il cherchera une solution dans la fonction relation. Ce sera la même chose si la solution appliquée s’avère finalement inefficace.
- L’envie de parler, d’entrer en relation avec d’autres (en exprimant quelque chose, ou en rigolant, etc.), avec une personne dans une relation interindividuelle (un apprenant, un autre appreneur, etc.), avec plusieurs personnes dans le cadre d’une relation sociale (le groupe classe de manière spécifique, dans un bureau avec d’autres appreneurs, etc.) peut être une solution, mais à condition qu’il y ait acceptation de(s) autre(s). De nouveau, si cette solution répond à sa tension, la cohérence sera rétablie et il retournera en champ détendu. Il l’appliquera donc et pourra alors aborder ou continuer son cours de manière posée. Si cette solution n’y répond pas (ça ne répond pas à son besoin, l’autre n’est pas disponible pour entrer en relation avec lui, on ne l’écoute pas, etc.), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de solution possible en fonction relation, il cherchera une solution dans la fonction sauvegarde. Ce sera la même chose si la solution appliquée s’avère finalement inefficace.
- Et là, c’est la sensation d’insécurité qui va primer. En fonction du tempérament de l’appreneur mais aussi de la tension en jeu, il pourra y avoir une envie d’agressivité de sa part ou une sorte de soumission qui n’est autre qu’une fonction fuite activée. La projection de l’appreneur sur la réussite ou la non réussite de cette solution aura un impact sur son application ou non. Encore une fois, si cette solution répond à sa tension, la cohérence sera rétablie et il retournera en champ détendu. Il l’appliquera donc et pourra alors aborder ou continuer son cours de manière posée. Si cette solution n’y répond pas (Les apprenants répondent à son agressivité ou profitent de sa passivité, de sa soumission, etc.), c’est-à-dire qu’il n’y a pas de solution possible en fonction sauvegarde, il pourra basculer dans une pathologie adaptative. Ce sera la même chose si la solution appliquée s’avère finalement inefficace.
- Si cela se répète et que l’apprenant n’arrive jamais à solutionner la tension, il pourra éventuellement basculer dans une pathologie destructive (le suicide en étant l’ultime expression).
J’ai l’impression de m’être exprimé différemment dans mon chapitre précédent et que cette description d’une situation peut venir interroger ce que j’ai pu écrire sur les apprentissages au travers des recherches d’appétence. Mais je peux me tromper. Étant donné que je post mes réflexions au fur et à mesure de leur avancée, avec toutes les contradictions et paradoxes possibles qui pourraient apparaître, si c’est le cas, n’hésitez pas à réagir.
Le schéma ci-contre df'exploration stratégique des fonctions finalisées proposé par J.-C. Barrey se situe au niveau du cerveau reptilien. Dans l'exemple ci-dessus, nous nous trouvons plutôt au niveau du néocortex
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