Éducation et pédagogie sous le prisme du biologique 1/10
D’après le schéma de Lorenz-Craig (Konrad Lorenz et Wallace Craig, deux éthologues), l’apprentissage se fait au niveau de la recherche de comportements d’appétence à partir de l’excitation endogène qui va mettre en tension une des fonctions finalisées. Dans le cadre de l’éducation scolaire et en fonction des méthodes pédagogiques utilisées, mais aussi dans le cadre de l’éducation parentale et de la formation en entreprise, quelles fonctions finalisées sont donc mises en tension dans un processus d’apprentissage ? Les méthodes pédagogiques permettent-elles la recherche de comportement d'appétence ? Quels signaux déclencheurs (MID) peuvent déclencher l’apprentissage en question ?
Les stimuli biologiques permettant l’apprentissage ne pourraient-ils pas être une des causes des difficultés, pour ne pas dire des échecs, de certains ? En effet, les méthodes et approches pédagogiques que nous utilisons peuvent-elles répondre à toutes les excitations endogènes ?
Pour réfléchir sur ces interrogations, je passerai par le chemin suivant :
- Apprendre et se former : un besoin et un désir universel ?Les fonctions finalisées, qu’est-ce que c’est ?
- Excitation endogène des fonctions finalisées et apprentissages
- Méthodes pédagogiques et motivations biologiques d’apprentissage
- Posture d’« appreneur » (enseignant, formateur, éducateur, parent) et comportement biologique
- Hypothèses de motivations biologiques d’apprentissage dans la vie et notre société
- Qu’est-ce que tout cela vient donc interroger ?
1 - Apprendre et se former : un besoin et un désir universel ?
Tout le monde a-t-il envie d’apprendre ? Est-on toujours disponible ou disposé pour apprendre ? Tout le monde a-t-il besoin d’apprendre ? Je n’avais initialement pas prévu d’en parler, mais cette interrogation a soudainement émergé avec la rédaction de cet article.
Comme un certain nombre d’entre vous le sait, le champ de l’« éducation tout au long de la vie » (des individus) se développe tout doucement depuis plusieurs années. Depuis 2009, il a même été repris au niveau Européen avec la « formation tout au long de la vie (professionnelle) ».
J’ai effectué mon master recherche en Sciences de l’Éducation dans un laboratoire de l’Université Paris 8 ancré dans l’éducation tout au long de la vie. En cet instant, alors que je suis en train d’écrire, je réalise que cette question du besoin et du désir des individus d’apprendre tout au long de leur vie n’a jamais vraiment été abordée et encore moins questionné durant mes deux années de master. Il ne l’a pas non plus été durant la formation de formateur d’adulte que j’ai suivi avant d’entrer en master.
Est-ce parce que l’on considère simplement que tout le monde devrait pouvoir le faire s’il le souhaite ? Ou est-ce parce que l’on considère que tous les individus aimeraient continuer à apprendre s’ils le pouvaient et qu’ils ne le font pas parce que ça ne leur est pas proposé ?
C’est vrai, finalement, pourquoi devrions-nous apprendre tout au long de notre vie ? Est-ce réellement nécessaire et incontournable ?
Je pose d’autant plus cette question que je suis quelqu’un de curieux, que j’adore apprendre et découvrir de nouvelles choses. Je ne me vois pas ne pas apprendre tout au long de ma vie. Mais pour autant, cela doit-il être universel ? Certainement pas. J’ai maintenant le désir d’apprendre (ce n’était pas trop le cas durant ma scolarité, du moins pour ce qu’on me proposait d’apprendre…), et peut-être le besoin (à voir), j’en retire du plaisir et j’ai la possibilité de le faire. Mais est-ce pour autant le cas de tous les individus ? Sans doute que non.
Certes, tous autant que nous sommes, de notre premier jour au dernier, nous serons susceptibles d’apprendre ce que la vie nous imposera. Cela répond généralement à un besoin du moment, un besoin matériel, un besoin vital, un besoin psychosomatique ou autre.
Ne peut-on ainsi considérer que l’on pourrait classer les apprentissages en deux grandes familles ?
- Les apprentissages imposés par la vie.
- Les apprentissages institués (familiaux, traditionnels, scolaires, professionnels, sociétaux, etc.), ces apprentissages nés de la société, qu’ils soient désirés ou imposés.
Les premiers, me semblent-ils s’imposent à nous. Nous avons besoin de faire quelque chose que nous ne savons pas faire, et, devant la nécessité, nous apprenons. Il n’y a ni désir, ni plaisir anticipé (même si cela peut déboucher sur une satisfaction), il n’y a qu’une réponse à une nécessité du moment. Il n’est donc pas question ici de vouloir ou ne pas vouloir apprendre. Une fenêtre qui laisse passer des courants d’air en période de grand froid, nous apprendrons à la colmater si nous ne voulons pas prendre le risque de mourir de froid. C’est une nécessité.
Les deuxièmes peuvent être désirés comme subits. On a envie ou on n’a pas envie. Comme ce n’est ni une nécessité, ni fondamentalement indispensable, on choisira. C’est le cas des études, mais c’est aussi celui de réparer ou non un meuble si on n’est pas bricoleur et qu’on n’a jamais tenu un marteau. Après-tout est-ce indispensable de le réparer ! C’est aussi celui, généralement, pour le changement d’une roue, on peut décider de continuer à pied.
Maintenant, au-delà de la motivation que l’on peut avoir à apprendre quelque chose de particulier, qu’en est-il lors du processus d’apprentissage d’un objet précis (une technique, une spécificité, etc.) ? Quelle motivation permet donc au processus d’apprentissage de se réaliser ? Cette motivation d’apprendre pour être en position d’apprendre tout au long de sa vie, n’est-elle pas aussi nécessaire pour chaque moment d’apprentissage ? Pour qu’il ait lieu et soit effectif, une motivation n’est-elle pas nécessaire ?
Quelles motivations biologiques (et non psychologiques) pourraient donc être à l’origine de tout apprentissage ? Dit autrement, l’excitation endogène de quelles fonctions finalisées (quels besoins, quelles pulsions) serait à l’origine de ces apprentissages ?
Mais que sont donc ces fonctions finalisées ?
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